01.02.2021
Clichy Actus
Février 2021
Texte : Laure Dansart - Photo : Yazid Menour
Good bye Hippocrate, le dessin au bistouri
Quand il annonce la couleur, ce n’est pas juste une formule : c’est même la signature de chacune des illustrations de Good bye Hippocrate. Sur son site, le créateur d’illustrations vectorielles autodidacte se dit obsédé par elle, la perspective et les lignes géométriques. Parmi les nombreux livres qui peuplent son appartement avec vue sur le Tribunal de Paris et le Sacré Cœur, un petit carnet lustré édité en japonais lui sert de bible : le Dictionary of colour combination, de Seigensha, ainsi que le plus volumineux Théorie des couleurs de Johannes Itten.
Une passion dévorante qui n’est pas nouvelle. Certes, le jeune artiste est aujourd’hui médecin urgentiste, mais il a longtemps hésité avec, entre autres, le métier d’architecte. « Depuis le collège, où mon professeur de dessin, M.Crozat, m’a enseigné la perspective, je n’ai cessé de dessiner. Des bâtiments, principalement, mon thème de prédilection. » C’est d’ailleurs parce qu’il a une légère tendance à remarquer chaque édifice dans ses grandes lignes qu’il a choisi de s’établir à Clichy, il y a trois ans. « Le style années 30 est celui que je préfère : sans fioriture inutile, épuré, géométrique, tout en lignes, qu’on trouve beaucoup à Clichy. Et j’ai tout de suite remarqué la Maison du peuple, l’Hôpital Beaujon, les anciens entrepôts du Printemps et l’usine élévatoire des eaux sur les quais de Seine ». Ces quatre lieux ont donc été les premiers que celui que l’on appellera « GBH » s’est empressé d’illustrer. Bientôt, ce sera au tour des allées Gambetta. Un travail minutieux, qui lui prend tout son temps entre deux gardes de nuit. « J’ai passé, par exemple, près de deux semaines complètes sur la cathédrale de Limoges. Je cherche le meilleur angle, prends des photos, fais des esquisses. Je trace les lignes de fuite à la main. » 60 calques plus tard, c’est le travail de la couleur qui l’a monopolisé, avant le travail d’impression. Une étape cruciale, « car la couleur a du sens. Et chaque ville a ses propres teintes. Sur chaque illustration, ce sont elles qui donnent l’âme et révèlent les lignes du bâti ».
Urgentiste et illustrateur : quand on lui parle de ses deux facettes, GBH, qui tient à son nom d’artiste, n’y voit aucune dualité. Ce sont deux mondes qui l’habitent, l’un plus calme, plus introspectif, l’autre plus concret et interactif, à l’image de ces charpentes aux lignes dures mais aux couleurs chatoyantes qu’il dessine. Good bye Hippocrate ne tire un trait sur la médecine qu’en partie, lorsqu’il change de blouse « car c’est quand même l’essentiel de mes revenus, la médecine », plaisante-t-il. Ce qui lui permet aussi de choisir ses projets ou créer sur demande : « Une amie m’a proposé d’illustrer un livre qu’elle faisait pour son filleul. Puis, d’autres ont fait appel à moi : des particuliers, des professionnels. Au-delà du plaisir de dessiner, j’ai trouvé génial de pouvoir répondre à une demande, j’ai pris plaisir dans les échanges, faire que cela représente mon œil mais aussi celui de la personne qui souhaite l’illustration. »
Dans son escarcelle, se chevauchent aujourd’hui le métro parisien, les illustrations des spécialités médicales, les fenêtres des allées Gambetta ou la création d’affiches rétro-futuristes qui représenteraient des lieux imaginaires comme l’Atlantide.