12.11.2021
Depuis 2019, l’artiste Good Bye Hippocrate accompagne l’AJG pour la réalisation de ces affiches.
Mars 2022
Depuis 2019, l’artiste Good Bye Hippocrate accompagne l’AJG pour la réalisation de ces affiches. Il a gentiment accepté que l’une de ses réalisations « URGENCES » soit la couverture de ce numéro.
Nous avons souhaité vous le présenter un peu plus longuement pour faire connaître son travail et le remercier de son investissement pour notre association.
Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?
Tout, ou presque, est résumé dans mon pseudo d’artiste : je suis médecin urgentiste et illustrateur. Passionné de dessin, donc, au point d’en avoir fait mon activité professionnelle principale depuis un peu plus de 3 ans. Et médecin encore de temps en temps.
Comment trouves-tu ton inspiration ?
Il y a grosso modo deux étapes dans le processus de création : trouver le sujet et trouver comment le traiter. J’ai plutôt pour habitude de créer des illustra- tions sur le thème de l’architecture. L’inspiration est alors… à peu près partout. Pour illustrer les spécia- lités médicales, ma connaissance de la médecine, de l’univers hospitalier et de ses rouages m’a per- mis de créer une série “anatomique et poétique”, le tout dans un style que je qualifierais de synthèse de ce qui me touche, à savoir l’iconographie des an- nées 30, la vague rétrofuturiste des années 70, la publicité, la photographie, les arts décoratifs et les illustrations contemporaines comme les œuvres de la génialissime Malika Favre pour ne citer qu’elle.
Comment peut-on voir ton travail et se procurer tes œuvres ?
La série des 30 illustrations médicales est exposée pour quelques années dans l’escalier monumental de l’Hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine). Les dessins y sont présentés dans leur version imprimée sur de grands panneaux d’Alu-dibond. Chaque illustration est par ailleurs disponible à la vente en tirage papier sur la boutique de mon site internet www.goodbyehippocrate.fr
Ta dernière affiche consacrée à notre spécialité s’intitule “La Gériatrie c’est sexy”, peux-tu nous expliquer comment t’est venu ce slogan ?
C’est marrant que tu parles de slogan car j’ai construit une grande partie de la série d’illustrations médicales en m’inspirant de l’univers des réclames. Pour la punchline de la gériatrie, je n’ai pas eu à chercher bien loin car c’est une phrase du Docteur Fanny Durig, présidente de l’Association, issue d’une interview dans laquelle elle faisait la promotion de la spécialité.
Si tu avais un conseil artistique : film, lecture, spectacle mettant en valeur la spécialité, quel serait-il ?
Sur la Gériatrie à proprement parler non, mais plusieurs choses me viennent en tête sur le traitement du grand âge dans la création artistique qui m’inspire.
Les petites vieilles, poème des Fleurs du Mal de Baudelaire qui, comme à son habitude, sublime le disgra- cieux. À l’épanouissement de la maturité, le poète préfère raconter la vieillesse dans un tableau qui oscille entre froideur et répulsion, fascination, tendresse et charité.
Les trois Âges de la femme, peinture de Klimt qui dépeint le déclin de la vie. La vision est assez pessimiste, avec cette force ascensionnelle qui élève le corps qui se gâte, mais c’est beau (enfin, je trouve).
Sur le concept du visage du fils de Dieu, spectacle de Romeo Castellucci auquel j’ai assisté il y a une dizaine d’années. On y voyait un homme aidant tant bien que mal son vieux père incontinent pris de diarrhées, le tout dans une mise en scène naturaliste et crue de la sénescence sur fond d’icône sacrée. Tout un programme…
Still Alice, qui aborde la maladie d’Alzheimer dans sa version très précoce. Il ne s’agit donc pas d’un film sur la spécialité gériatrique au sens strict du terme mais, pour traiter de la neurodégénérescence, la performance bouleversante de Julianne Moore est telle que je ne pouvais pas ne pas en parler ici !
Et si l’on citait enfin, dans un registre un peu plus léger, le vidéoclip qui accompagne la chanson Hoppípolla du groupe islandais Sigur Rós ? Le point de vue d’une bande de vieux copains qui s’amusent tels de très grands enfants est certes un poil régressif mais la joie et l’optimisme qui s’en dégagent fait du bien.