10.12.2024

Adieu aux fresques sexuelles et controversées des salles de garde de l’AP-HP

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Article du 10 décembre 2024
par La Rédac

Entre tradition carabine et modernité, les salles de garde de l’AP-HP font peau neuve. Les murs des salles de garde hospitalières sont en pleine mutation. Fini le temps des fresques aux accents graveleux et machistes, place à une nouvelle génération artistique qui célèbre la diversité, l’humour et le respect.

Depuis janvier 2023, une instruction ministérielle a sonné le glas des représentations pornographiques et sexistes dans les internats. Objectif ? Mettre en œuvre une « politique de tolérance zéro » face au harcèlement et aux violences sexuelles dans le milieu médical. Et déjà 11 des 18 établissements de l’AP-HP ont réalisé les travaux de rénovation.

Plutôt que de simplement recouvrir ces œuvres d’un coup de peinture anonyme, certains hôpitaux ont choisi la voie de la créativité. À l’hôpital Beaujon de Clichy, l’illustrateur Good-Bye Hippocrate a relevé le défi avec brio. « J’avais carte blanche. J’ai pu faire exactement ce que je voulais, même travailler sur la nudité », raconte-t-il au Point.

Son travail ? Une fresque colorée, géométrique, remplie de références mythologiques qui rend un hommage respectueux au corps médical. « C’était un superbe challenge. Je suis très heureux d’avoir pu rendre l’hôpital moins inhospitalier, avec des messages féministes et écologistes », ajoute-t-il.

Même dynamique à l’hôpital Sainte-Anne, où la dessinatrice Virgen a créé une œuvre « psychédélique » aux « couleurs vitaminées ». Sur sa fresque paritaire, on peut notamment voir un interne perdre littéralement la tête ou le Pr Raphaël Gaillard sortir du sol, une hache plantée dans le crâne.

Une transition pas toujours évidente

Malgré ces initiatives créatives, le changement ne se fait pas sans quelques grincements de dents. Le célèbre Michel Cymes avait déjà protesté à l’époque contre ce coup de peinture : « Ce n’est pas seulement une tradition mais LA tradition dans toutes les salles de garde en France […] Franchement, foutez la paix aux étudiants en médecine ! »

Mais sur le terrain, le bilan semble positif. « Même les plus réfractaires ont finalement été séduits », confie Nathalie Pons-Kerjean de l’hôpital Beaujon au Point. À Sainte-Anne, on note même que « depuis l’inauguration, les internes semblent réinvestir la salle de garde ».

L’AP-HP prévoit de retirer l’ensemble de ces fresques d’ici la fin du premier semestre 2025. Une transformation qui illustre une mutation générationnelle, comme le souligne Laetitia Buffet, directrice générale adjointe : « Là où les internes n’ont pas de difficulté à porter le sujet, les seuls pour lesquels ça a été compliqué, ce sont les médecins seniors qui ne mettaient plus les pieds en salle de garde. »

Un nouveau chapitre s’écrit donc dans les couloirs hospitaliers…

Focus sur une partie du nouvel habillage mural de la salle des internes de l’hôpital Beaujon (Clichy). © AP-HP