28.12.2023
Pays basque : pour ses 90 ans, l’Aquarium de Biarritz revisité par l’illustrateur Good Bye Hippocrate.
le 26 décembre 2023
par Nicolas Gréno
Spécialiste des illustrations au style architectural, le dessinateur Good Bye Hippocrate dépeint son amour des fonds marins et du Pays basque des années 30 dans le cadre d’« Ocean [bluz] ». Une exposition déployée à l’occasion des 90 ans de l’Aquarium de Biarritz et visible jusqu’en décembre 2024.
Du poulpe trônant sur la devanture de l’Aquarium depuis 1933 à l’escalier d’honneur, en passant par la villa Belza, le Rocher de la Vierge ou le casino : les symboles sont partout. Ils tapissent et recouvrent l’intégralité d’une pièce autrefois occupée par des maquettes. Aujourd’hui, ce couloir du premier étage est consacré à une exposition, montée de toutes pièces par , à l’occasion des 90 ans du Musée de la mer.
Né à Saint-Jean-de-Luz il y a quarante-et-un ans (et une poignée de jours), l’artiste est un fin connaisseur des lieux. « Je me souviens exactement de la première fois que j’ai visité cette espèce de vaisseau face à la mer. J’étais tout petit. Une fois rentré, j’ai demandé à mon grand-père qu’il me prête son dictionnaire pour que je puisse chercher les différents poissons. Et puis que dire de la façade ? Elle m’a toujours fascinée. »
Il l’a d’ailleurs dessinée dans le cadre d’un projet personnel. C’est en visualisant cette œuvre que la directrice Marion Etcheverry, en quête d’un concept pour le 90e anniversaire, a eu le déclic. « Quand on a vu cette affiche, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à impulser. On voulait offrir un regard patrimonial plus moderne pour que les gens viennent découvrir l’histoire de l’Aquarium. »
Médecin urgentiste dans la région Centre, Good Bye Hippocrate s’est lentement mais sûrement tourné vers son autre passion : le dessin. Ses illustrations vectorielles de bâtiments iconiques ont tapé dans l’œil de la direction de l’hôpital Beaujon, à Clichy. « Ils m’avaient contacté, en pleine période Covid, pour créer un poster de remerciements pour les soignants. » 30 autres tableaux (un par spécialité médicale) ont suivi, qui ont débouché sur une exposition.
Joséphine Baker en crevette
Idem du côté du musée de la Mer biarrot. Parti pour concevoir une simple affiche, il a fini par réaliser une trentaine d’œuvres. « On a étiré le concept au maximum », sourit l’artiste, qui a mis sur pied l’installation immersive « Ocean [bluz] »(1). Good Bye Hippocrate a ainsi peint des portraits, hauts en couleurs, parmi la trentaine d’espèces représentée (Octopus, poissons clowns, phoques, bernard-l’hermite).
Ses croquis sont à la fois minimalistes et modernes, dans un style Art déco. L’ensemble des résidents de l’Aquarium a revêtu un costume des années 30. Une crevette s’est même vue déguisée en Joséphine Baker. Le mythique couple Napoléon-Eugénie n’a, lui aussi, pas été omis.
Au-delà des différents clins d’œil à la vie aquatique et au passé baleinier de la cité balnéaire, l’artiste et la directrice ont voulu sensibiliser le public à l’avenir des océans. Sans être trop pessimistes. « Cette expo n’a pas été pensée comme une injonction à déprimer, commente Good Bye Hippocrate. Au contraire, elle a été construite pour permettre une vision joyeuse du présent et peut-être une vision optimiste de l’avenir. À condition de s’y mettre tous. »
« S’il y a des militants, nous, on essaie d’émerveiller les gens, de montrer le beau pour donner envie de protéger tout cet écosystème et cette biodiversité via la connaissance et la passion », ajoute Marion Etcheverry, qui précise que cette expo, visible jusqu’au 31 décembre 2024, pourrait rester figée un petit moment.
(1) Bluz pour l’écriture phonétique de la blouse et du blues (« vague à l’âme de l’océan qui se désole ») ou la contraction joyeuse du bleu et de la luz (lumière en espagnol).